mercredi 23 novembre 2011

Un livre, et pourquoi pas?

Comme vous le savez sans doute, j'écris, depuis bientôt un an, des petits billets intitulés «Des petits bouts de moi» dans lesquels je me raconte. La raison de cette série de billets tient toute son origine de ce qui se déroule sur mon compte Facebook, alors que je m'étais aperçue que, après avoir fait quelques échanges avec mes nombreux amis et fans, des gens voulaient en connaître davantage sur moi.

Au début, c'était dans le plus pur et simple but de m'amuser. Je voulais permettre à mes fans d'apprendre à mieux me connaître, mieux que tout ce que l'on peut habituellement savoir d'un artiste dont on suit la carrière. De plus, les membres de mon entourage y trouveraient certainement aussi leur compte, puisque je n'ai pas l'habitude de tout confier à tout le monde. Il y aurait donc des surprises pour quiconque allait entreprendre la lecture de ces «petits bouts de moi».

Toutefois, au fur et à mesure que s'ajoutaient mes petits bouts sur Facebook, de plus en plus de gens manifestaient le désir de les voir tous rassemblés en un livre autobiographique. «Tu devrais vraiment faire un livre avec ces articles. Moi, j'attends toujours le prochain avec impatience.» «Tu sais Katia, si tu en faisais un livre, tu pourrais aider tellement de gens...», etc.

Un livre? Dès la première réflexion sur la question, il est évident que cette idée me souriait grandement, puisque j'ai toujours rêvé d'écrire un livre. Mais je me disais que ça prenait tout un sujet pour décider de faire un livre et surtout, un sujet de grand intérêt pour que celui-ci puisse être publié. Donc, je me contentais d'y rêver, sans jamais m'imaginer que ma propre histoire puisse être un sujet de livre digne de ce nom. Mais plus j'y réfléchissais et relisais mes textes, plus je me disais qu'après tout, tous ces gens avaient peut-être raison. J'ai un vécu assez chargé de toutes sortes de choses, de joies, mais aussi de très grandes épreuves que j'ai su affronter avec beaucoup de résilience. je suis de la trempe de ceux qui ont un moral d'acier en toute circonstance et, si je m'y attarde, il est vrai que le fruit de mes expériences pourrait aider beaucoup de gens. Si ce n'était simplement à conserver la joie dans leur coeur en tout temps, à savoir voir le bon côté des choses ou à conserver une joie de vivre à toute épreuve, ma mission serait accomplie.

J'ai donc décidé de commencer à rassembler mes articles dans un même fichier et à structurer ce qui pourrait ressembler davantage à un livre, tout en continuant d'écrire la suite de cette série qui est loin d'être terminée.

Je n'ai aucune idée de comment le mileu de l'édition fonctionne ni de la procédure qui m'attendra, une fois que j'aurai complété ce que je souhaiterais voir figurer dans cet ouvrage. Tout ce que je sais, pour l'instant, c'est que ce projet m'anime jusqu'au plus profond de moi-même et que j'ai envie d'y mettre tout mon coeur.

Voyons voir ce que me réservera la suite de cette belle aventure...

jeudi 17 novembre 2011

Des petits bouts de moi #11: Adieu petite école, bonjour grande polyvalente!

Après avoir terminé avec succès la première partie de mon secondaire 1, on m'annonça que j'étais à présent prête pour relever un nouveau défi. Dès l'année suivante, j'allais poursuivre mes études secondaires à l'école régulière, comme n'importe quel autre étudiant du même âge que moi. Oh! Quelle nouvelle, à la fois flatteuse puisque si la direction de mon école me propulsait dans l'univers des élèves dits réguliers, c'est qu'ils avaient une totale confiance en ma capacité de m'intégrer parmi eux et de suivre leur rythme sans difficulté. Mais en même temps, que d'implications tout cela allait représenter pour moi... Ouf! Je mentirais si je disais ne pas avoir ressenti la peur à l'aube de cette nouvelle aventure qui se présentait à moi. Mais du même coup, j'étais ravie de constater à quel point mon entourage croyait en moi et je me servais de cette absolue confiance qu'on me témoignait pour me donner le courage d'affronter ma timidité et de foncer.

Afin de me préparer au nouveau défi qui m'attendrait à l'automne 1986, j'ai fait appel à l'Institut Nazareth et Louis-Braille afin d'avoir des cours d'orientation et mobilité, pour me familiariser au trajet que j'allais devoir effectuer matin et soir pour me rendre à ma nouvelle école. Grâce à ces cours, j'allais être initiée aux voyages en transport en commun, entre autres. J'habitais Montréal avec ma mère et mon frère et jusqu'à présent, je n'avais pas eu besoin de prendre l'autobus toute seule ni le métro. J'avais déjà suivi des cours de mobilité auparavant, puisque j'avais appris à me promener dans mon quartier, à aller au dépanneur, entre autres, ou à quelque autre endroit utile ou agréable à visiter tout près de chez moi. J'étais donc rendue à une nouvelle étape d'apprentissage concernant mes déplacements. J'habitais sur la rue Cartier, tout près de Beaubien. Je devais donc prendre l'autobus 45 Papineau jusqu'à Jarry, pour ensuite monter dans le 192 ou 193 Jarry et descendre, trois arrêts plus loin. Ce qui me faisait le plus peur était de devoir me fier au bon vouloir du chauffeur pour me prévenir lorsque je serais rendue à l'arrêt où je devais descendre. Si ce dernier avait le malheur de m'oublier, je me retrouvais, plusieurs coins de rue plus loin, à devoir rebrousser chemin avec un prochain autobus qui passerait dans le sens inverse... Ça, je détestais franchement... Mais je dois tout de même reconnaître que cela m'est arrivé très rarement. Alors, je peux considérer que mes trajets en autobus allaient toujours relativement bien. Mais c'était tout de même tout un apprentissage pour moi, surtout que mes parents étaient un peu inquiets, surtout mon père, qui aurait nettement préféré que je ne prenne jamais le transport en commun. Ainsi, il se disait qu'il ne pourrait rien m'arriver. Mais il fallait bien que j'apprenne à me débrouiller et j'étais heureuse, bien que toujours un peu nerveuse, d'être capable de me déplacer par moi-même. (Petite réflexion: Si mon père lisait cet article, il dirait: "Tu vois, si tu m'avais écouté, tu n'aurais jamais eu ce foutu accident...")

De plus, il me fallait aussi mémoriser où se situaient tous les locaux où allaient se dérouler mes cours. Il fallait donc obtenir mon horaire le plus tôt possible et obtenir la permission de circuler dans l'école quelques semaines à l'avance afin de pouvoir tout mémoriser les endroits où j'allais devoir aller, dans cette grande polyvalente, beaucoup plus grande que l'école de mon enfance... Trois étages de locaux, puis un labyrinthe de casiers tous pareils... Puis la cafétéria, immense... Puis les gymnases au sous-sol... Autant d'endroits qui devraient m'être familiers si je voulais me déplacer à mon aise entre mes cours. Évidemment, je réussis sans trop de difficulté.

Mais l'adaptation ne s'arrêterait pas à ces détails logistiques. Imaginez un peu: tout mon parcours scolaire avait été vécu en braille, de ma plus petite enfance jusqu'à ce moment-là. Je devais à présent délaisser ce mode d'écriture pour réussir à me faire comprendre de mes professeurs en leur remettant mes travaux en imprimé courant. Pour réaliser cet exploit alors que je n'avais aucune notion d'écriture à la main à ce moment-là, j'avais un magnifique appareil qui se nommait un versabraille. Imaginez un petit ordinateur portable muni d'un clavier braille au lieu du clavier conventionnel et d'un afficheur braille afin de pouvoir lire au fur et à mesure ce qu'on écrivait à l'aide des touches du clavier braille. Pour sauvegarder un travail, il suffisait d'insérer une cassette audio qui était préalablement formatée pour stocker ce type de données. C'est ainsi que je pouvais réaliser tous mes devoirs pour pouvoir les imprimer dès qu'il m'était possible de relier mon appareil à une imprimante. De cette façon, tous mes écrits étaient dactylographiés proprement et dans un format lisible pour n'importe quel professeur. Pour lire, c'était relativement facile. J'avais un appareil appelé télévisionneuse: un écran avec une caméra en dessous qui permettait de grossir considérablement les caractères de ce que j'avais à lire.

Mais le dépaysement ne s'arrêtait pas là! En début d'année scolaire, il a fallu qu'une intervenante fasse un joli travail de préparation afin de m'ouvrir la voie auprès de mes futurs profs. Celle qui eut cette tâche fastidieuse était appelée un professeur itinérant, c'est-à-dire qu'elle se présentait à tous mes profs en disant qu'ils allaient recevoir une élève handicapée visuelle cette année-là et qu'elle aurait besoin de quelques petits aménagements pour lui faciliter la tâche durant les cours. Ces petits aménagements dont j'avais besoin étaient relativement simples, mais encore fallait-il la bonne volonté du prof pour que le tout se passe bien. J'avais besoin d'un peu plus de temps pour effectuer les divers travaux et/ou examens. C'était le point majeur qui faisait une différence pour eux. Et puis, au début, je faisais transcrire tout mon matériel scolaire en braille, alors il a fallu tout avoir à l'avance pour permettre cette adaptation. Il fallait également que le prof accepte de m'écrire sur une feuille tout ce qu'il inscrivait au tableau, puisque je n'étais pas en mesure de le lire. Et finalement, il fallait qu'il accepte de voir un autre élève venir me voir régulièrement pour m'apporter des feuilles de notes prises pour moi durant les cours. Une fois tout cela bien réglé, tout pouvait se dérouler à merveille...

Seulement, croyez-moi, certains professeurs n'appréciaient pas du tout de devoir adapter leurs pratiques pour quiconque. Alors, dans certains cas, cela causait un réel problème... J'ai le souvenir, entre autres, de mon cours de mathématiques de secondaire 2 où le prof refusait catégoriquement de me faire la transcription de ce qu'il écrivait au tableau et Dieu sait qu'il le remplissait, son tableau, à tous les cours! D'ailleurs, tout était structuré en ce sens avec lui: en entrant, il fallait tout de suite effectuer les exercices inscrits au tableau. On ne pouvait les trouver dans aucun livre, alors je n'avais absolument aucune façon de me référer et, évidemment, j'aurais pu perdre beaucoup de points si nous n'avions pas trouvé de solution assez rapidement. Et puis, monsieur mon prof n'aimait pas recevoir mes devoirs ou travaux lors du cours suivant, pour que j'aie eu le temps de les imprimer. De plus, j'étais vraiment découragée, car je devais apprendre tous les symboles mathématiques en imprimé courant, ce que je n'avais encore jamais vu puisque j'étudiais en braille auparavant. Donc, imaginez un peu mon désarroi lorsque je me heurtais à des crochets, des accolades et autres symboles du genre... C'était comme du chinois pour moi.

Heureusement, j'avais deux atouts non négligeables pour m'aider à me tirer de cette situation embarrassante: j'avais une faculté d'apprendre très vite grâce à une mémoire phénoménale et puis, autre point d'importance capitale, j'avais une mère extraordinaire, prête à défendre mes moindres intérêts pour qu'aucune embûche ne vienne se mettre sur ma route. Un jour où les parents étaient convoqués pour une réunion en compagnie des divers professeurs, ma mère s'est fait un grand plaisir d'aller rencontrer tous ceux qui m'enseignaient et particulièrement mon prof de mathématiques avec qui elle eut une discussion animée. À l'aide d'arguments suffisamment convaincants, elle était parvenue à lui faire comprendre que j'avais toute une adaptation à faire de mon côté aussi et que la seule façon que je puisse lui remettre des travaux écrits comme tous les autres élèves était de les imprimer et de lui apporter au cours suivant; il se devait de comprendre et d'accepter cette condition qui était bien loin d'être un caprice. Et puis, il était injuste que je n'aie pas droit aux points attribués par les fameux exercices toujours affichés au tableau au début des cours. Il devait trouver une solution pour me les donner en même temps que tout le monde sur un papier, afin que je puisse les faire moi aussi, quitte à lui remettre lors du prochain cours comme les autres travaux que je faisais. j'avais droit aux même occasions d'accumuler des points que tout le monde, qu'il se le tienne pour dit. Finalement, il finit par abdiquer et le cours qui suivit la réunion de parents, une jolie petite feuille m'attendait avec le contenu du tableau... À la bonne heure!

À l'exception de  cet imbroglio avec mon professeur de mathématiques, je dois dire que tous s'adaptaient assez bien avec moi et étaient surpris de mes performances scolaires. Certains profs étaient même réticents au début, mais devant mes résultats, se rendaient compte que je pouvais fonctionner aussi bien que les autres.

Au milieu de cette première année à la polyvalente, surtout avec mes problèmes vécus en mathématiques, je demandai à mon professeur itinérant de m'apprendre à écrire à la main. Le défi était de taille, semblait-il, mais rien d'assez imposant pour me décourager. Le plus difficile pour moi était de tracer des lettres droites. Mon écriture était si tremblante au début... Mais à force de pratique, je parvins à apprendre toutes les lettres, les ponctuations ainsi que les symboles mathématiques. Là, je pourrais montrer à Monsieur Mathématiques de quoi j'étais capable. Enfin, j'allais lui remettre mes travaux en même temps que tout le monde, écrits à la main s'il vous plaît! Tout ce qui allait subsister était d'avoir besoin des exercices du tableau sur une feuille. Pour le reste, plus question d'être en retard. Quel soulagement ce fut pour lui! Et quelle fierté pour moi!

Au bout de cette première année parmi les "voyants", j'étais capable de fonctionner exactement comme eux, à condition d'avoir juste un peu plus de temps. Plus besoin de versabraille, plus besoin de faire transcrire mon matériel en braille. Fini tout ça! Le reste de l'année s'est déroulé sous le thème de l'égalité avec tous.

Lors de mon prochain "petit bout de moi", je vous transporterai au coeur de ma vie sociale dans ce nouvel univers scolaire. À suivre...

dimanche 14 août 2011

Des petits bouts de moi #10: Atterrissage amoureux... sur un pupitre de classe!

Même si au début de cette année scolaire 1985-1986, je trouvais mes copines de classe un peu mélodramatiques avec leur déjà trop grosse peines d'amour, j'ai fini par comprendre, au cours de la même année, combien importante pouvait devenir la place que l'amour peut prendre dans la vie d'une femme en devenir...

J'étais une adolescente bien implantée dans mon milieu et bien appréciée de mes compatriotes. Mes amis étaient nombreux, tous sexes confondus, mais personne n'avait suscité chez moi plus que de l'amitié, jusqu'au jour où...

Mettons-nous d'abord dans le contexte de notre école. Nous étions très peu nombreux comparativement à une école régulière. Donc, peu de filles pour peu de garçons. Donc, à mon début de secondaire, disons que j'aurais pu avoir 5 candidats potentiels à une fréquentation amoureuse. Ces 5 mêmes aspirants étaient les mêmes pour toutes les filles du secondaire, car ils étaient les seuls. Donc, si je passe en revue nos 5 jeunes séducteurs: il y avait bien Jean-Yves, mais en secondaire 5, donc un peu trop vieux pour moi, que je me disais. Il y avait aussi le chaleureux Louis-Rock, passionné de musique depuis sa tendre enfance, très doux et à la voix chaude et rassurante... Mais, lui aussi, en secondaire 5, donc, encore une fois, trop vieux. Puis, il y avait Pascal, qui semblait avoir un peu trop confiance en ses pouvoirs de séduction; cela me repoussait. Puis Denis... Le spirituel. Celui qui s'exprimait si bien, avec une grande éloquence... Mais... en secondaire 2... et puis, inaccessible, selon mes impressions. Mais je n'y étais pas tout à fait indifférente. Mais j'avais fini par savoir qu'il me trouvait un peu trop jeune. Puis, finalement, il y avait Martin. Le beau grand Martin, qui faisait rire toutes les filles par ses blagues subtiles et amusantes. Il savait qu'il nous tenait, j'en suis certaine, par ses manières de nous séduire, mais il avait, en même temps que ses allures de flirt incontesté, une grande sensibilité et il était très attentif, question que tous ceux qui l'entourent se sentent bien avec lui. Mais... selon moi, j'étais loin, bien loin d'être son style. Ça, c'était assuré. C'était officiel.

Il faut dire que j'étais vraiment silencieuse, à part de rigoler avec mes copines, je ne me mêlais pas à ces messieurs séducteurs ci-haut mentionnés. Selon ma perception de moi-même, j'étais une amie parfaite, mais absolument pas la fille à faire tourner les têtes ou battre les coeurs. Mais la vie allait me démontrer que je me trompais...

Un beau jour, en arrivant dans mon cours de mathématiques, je m'installai à mon pupitre, tranquillement, attendant l'arrivée du prof. Martin, le tombeur de ces dames, était déjà en train de taper sur sa machine à écrire braille alors que le cours n'était pas commencé. Je me demandais bien pourquoi il écrivait alors qu'on n'avait encore rien à faire... J'attendis que le prof arrive, sans trop me poser de questions, quand tout à coup, une feuille braille atterrit sur mon bureau. Il faut dire que Martin avait une meilleure vision que moi, alors il était aisément capable de lancer une feuille où il voulait. (rire) Je m'emparai donc de ce bout de papier, plein d'interrogations dans ma tête. Je me dis: «Peut-être une bonne blague...» Je me mis à lire... Ça ressemblait à quelque chose comme: «Chère Katia... Je n'ai jamais osé te le dire avant, mais ça fait longtemps que je t'observe et que j'ai le kick sur toi. Accepterais-tu de sortir avec moi? La seule chose que j'aimerais qu'on fasse attention, si tu acceptes, c'est qu'il ne faudrait pas le dire à personne qu'on est ensemble. Réponds-moi si tu veux.»

Wow!!! Moi? Moi, j'ai réussi à capter l'attention du beau Martin? Incroyable, que je me suis dit. Je m'empressai donc d'insérer une feuille dans ma machine à écrire, moi aussi, avant que le prof n'arrive et je lui ai répondu que j'acceptais avec joie, en plus de toutes ses conditions. Je ne le dirais à personne, promis! Et puis, j'étais très touchée, surprise aussi de ce qu'il venait de m'écrire et j'étais la plus heureuse du monde. Je lançai donc mon bout de papier à mon tour, de la même façon que Martin l'avait fait. Et c'est ainsi que commença ma toute première relation amoureuse...

Ce fut impossible de garder le secret, puisque dans une petite école où tout le monde se connaît, tout se découvre relativement vite... Martin, voyant que le secret n'avait pu être gardé, m'écrivit ànouveau afin de rompre notre union. J'ai eu beaucoup de chagrin, mais je n'étais pas au bout de mes surprises...

Quelques jours après ma rupture avec Martin, alors que j'étais à mon cours d'anglais, j'ouvris un tiroir pour y prendre du papier vierge et je trouvai une feuille braille pliée en deux sur laquelle il y avait de l'écriture... Étant de nature extrêmement curieuse et comme cette feuille se trouvait dans mon pupitre, je me permis de la lire... Voici, en résumé, ce que cette petite feuille disait:

«Chère Katia. Ça fait longtemps que je veux t'en parler, mais je suis très gêné de te le dire... On est amis depuis très longtemps. Depuis toutes ces années, j'ai eu la chance de très bien te connaître. Et depuis longtemps, je ressens plus que de l'amitié pour toi. Accepterais-tu de sortir avec moi? Je t'aime... Steve».

Ouf! Que de déclarations en très peu de temps! Que de surprises, car, je le répète, selon ma propre opinion de moi-même, je n'avais rien qui puisse faire flancher un garçon, au niveau sentimental. Je devais donc me rendre à l'évidence suite à ces deux situations: même si je ne savais pas exactement ce que les garçons remarquaient chez moi, il y avait visiblement quelque chose qui retenait leur attention. Donc, malgré ce que je croyais, je plaisais.

J'ai accepté de faire un petit bout de chemin avec Steve, mais ce fut de courte durée car il me voulait exclusive, sans aucune amitié avec aucun autre garçon et disons que c'était difficile pour moi d'accéder à sa demande, puisque j'ai toujours (et même encore aujourd'hui) eu des amis des deux sexes.

Bref, c'est ainsi que ma vie de femme amoureuse a débuté. Bien sûr, le but de mes petites tranches de vie n'est pas de relater ces épisodes de façon détaillée, mais d'aborder les moments les plus marquants à différentes époques de ma vie.

Je terminerai ainsi ce dixième petit bout de moi, en vous promettant beaucoup d'autres petits bouts, tous aussi intéressants les uns que les autres.

Comme toujours, j'ai très hâte de lire vos commentaires!

À très bientôt pour un autre petit bout!

samedi 25 juin 2011

Des petits bouts de moi #9: Secondaire prématuré -- Adolescence accélérée

Quel plaisir de vous retrouver enfin pour continuer à vous offrir mes Petits bouts de moi. Pour ce neuvième article, j'aimerais vous raconter comment je fus propulsée au secondaire et, par la même occasion, dans le tumultueux monde de l'adolescence.

À 10 ans, j'étais, comme la plupart des écoliers, en cinquième année. Mais il y avait, à notre charmante école Nazareth et Louis-Braille, une particularité remarquable: les classes contenaient de très petits groupes d'élèves. Ainsi, en cinquième année, nous étions exactement 3 élèves. Alors, imaginez la facilité avec laquelle je pourrais avoir recours à l'aide du professeur en tout temps.

C'est donc dans ces conditions exceptionnelle que je fis ma cinquième année, si bien qu'au retour de la période des fêtes, j'avais passé avec une facilité désarmante à travers tout le programme scolaire prévu pour la cinquième année. Il restait donc 5 mois où je n'avais strictement... plus rien à faire.

Devant cette situation pour le moins exceptionnelle, mon professeur, madame Marie-Cécile Leclerc, me convoqua pour une rencontre dont je me souviendrai toute ma vie. Elle me dit ceci: «Tu vois, Katia, dans la période de l'année scolaire qui s'échelonnait avant les fêtes, tu as pu, étant donné que tu parvenais à avancer très vite dans le programme, terminer tout ce qui était prévu pour un élève de cinquième année.» Évidemment, je n'en croyais pas mes oreilles. Je lui demandais, d'un air totalement incrédule: «Quoi? Pour vrai?» Et elle de me répondre: «Oui, pour vrai. Cela voudrait dire que tu n'aurais plus rien à faire à partir de maintenant et ce jusqu'à la fin de l'année.» Je lui ai demandé: «Bien alors, qu'est-ce qu'il faut faire?» Elle me fit alors cette proposition: «Je me suis réunie avec tous les professeurs du niveau secondaire, avec la direction de l'école aussi afin de trouver la meilleure solution possible et voici ce que nous te proposons. Que dirais-tu d'essayer de commencer ta sixième année tout de suite? Si tu parviens à la terminer d'ici la fin de l'année, tant mieux! Sinon, ne t'inquiète surtout pas. Tu auras toute l'année prochaine pour y revenir et la faire au moment où tu l'aurais normalement complétée. Si tu réussissais à traverser le programme de sixième année avant la fin de cette année-ci, cela te ferait gagner du temps, c'est vrai. Mais tu ne dois surtout pas te mettre de pression. C'est juste un essai et tant mieux si cela peut t'aider plus tard à parvenir plus rapidement à tes objectifs futurs en t'ayant fait gagner une année.»

Après avoir écouté avec la plus grande attention la proposition qui venait de m'être faite, j'étais complètement estomaquée. Bien entendu, j'étais honorée que l'on croie en moi à un tel point, que l'on me fasse une telle confiance pour être à ce point sûr qu'une telle formule puisse marcher. Ma réponse était déjà toute prête: un gros OUI plein de joie et d'allégresse! La seule petite ombre à mon tableau, le seul petit nuage dans mon ciel bleu: qu'allait-on penser de moi parmi mes camarades de classe? Allait-on être fier pour moi ou plutôt m'envier ce qui m'arrivait et se mettre à me bouder ou à me voir comme une petite prétentieuse qui veut dépasser tout le monde (ce qui n'est vraiment pas mon genre)... Mais c'étaient les craintes que je nourrissais dans ma petite tête d'enfant de 10 ans.

j'ai tout de même accepté la proposition que me faisaient mes professeurs présents et futurs et j'ai sauté à pieds joints dans cette nouvelle aventure arrivée prématurément: la sixième année à 10 ans! Yé! Avec du travail intensif et constant, je suis parvenue, à la fin de cette année scolaire, à traverser le programme de sixième année avec autant de facilité que celui de cinquième. J'étais donc prête à passer à l'autre étape, très importante et non la moindre pour l'année suivante: le secondaire!

Et qui dit secondaire dit début de l'adolescence... Tout cela est arrivé en accéléré pour moi et j'ai su suivre la cadence sans problème, mais non sans avoir parfois l'impression que mes amis du secondaire se compliquaient la vie pour des riens à mon avis... (rire) J'avais une amie, entre autres, qui était presque constamment en peine d'amour. Je trouvais qu'elle se cassait donc la tête pour être malheureuse alors qu'elle aurait pu s'offrir du bonheur en étant bien avec elle-même... Mais bon... Je la consolais de mon mieux. J'ai commencé à avoir des sentiments pour des garçons moi aussi, cette année-là, mais un peu plus tard. Je dirais, dans la deuxième moitié de cette année-là.

L'aspect académique de mon secondaire 1 se passait très bien, d'autant plus que le programme était bâti en fonction de la dynamique suivante: les secondaires 1 et 2 devaient se faire en trois ans. Donc, c'était un peu comme si je faisais ma première moitié de secondaire 1 durant cette année-là, ce qui permettait d'aller plus en profondeur dans la matière apprise et de moins condenser l'apprentissage, certainement. Alors, l'école, ça allait très bien.Je vous reviendrai plus en détail avec l'aspect amoureux de cette époque-là, puisque, bien sûr, j'ai suivi le rythme et j'ai permis à mon coeur de se laisser gagner par l'euphorie de l'amour à certaines occasions.

J'espère que ce petit bout de moi vous aura plu et permis d'en savoir encore un petit peu plus. Il me reste bien des choses à vous raconter... À très bientôt!

lundi 23 mai 2011

Des petits bouts de moi #8: Matante Gougoune

Enfin! Je suis de retour pour un autre petit bout de moi, après bien des souffrances qui m'ont enlevé l'inspiration. C'est toujours un plaisir renouvelé pour moi, chaque fois que je vous offre ces quelques pages de mon livre de vie. Je vous entraîne avec moi, cette fois-ci, dans l'univers de mon entourage immédiat de petite fille…

 

Même si je vouais une grande importance à ma vie scolaire durant mon enfance, j'avais, il va sans dire, une vie à l'extérieur des murs de ma grande école. La raison pour laquelle on a l'impression que je n'ai fait qu'étudier est simple: je passais le plus clair de mon temps dans l'établissement scolaire. Donc, une grande partie de mes souvenirs de petite fille y est rattachée.

 

Toujours est-il que j'avais, dans mon environnement immédiat, tout à côté de chez moi, tout un tas de gens qui veillaient sur moi ou venaient me retrouver dans ma cour afin de partager mes jeux. Notons cependant que je n'étais pas une petite fille à l'aise dans des groupes. J'étais plutôt du genre à «jouer à deux», comme je prenais plaisir à l'expliquer alors. Je cite mes paroles de petit bout de fille: «Quand on joue à trois, il y a toujours quelqu'un qui est tout seul dans son coin. Alors que quand on joue à deux, personne n'est tout seul.»  Je m'organisais donc toujours pour voir mes amies une par une, afin de les avoir toutes à moi durant notre période de jeu et de m'assurer que personne n'allait s'ennuyer dans son coin (en l'occurrence: moi, car lorsqu'une tierce personne se joignait occasionnellement à nous, je ne savais pas m'intégrer et prendre ma juste place; alors, par réflexe, je m'effaçais tout simplement). 

 

J'avais aussi une caractéristique bien spéciale pour une petite fille de 6 ans et un peu plus: je préférais la compagnie des adultes à celle des enfants de mon âge. Cela surprenait les grands qui m'entouraient, mais il en était bel et bien ainsi. Le fait de me renvoyer jouer avec les autres jeunes du même groupe d'âge que moi produisait sur moi l'effet d'une gifle: le même effet que si on m'avait dit «Va-t-en, tu n'es pas à la hauteur de nos conversations. Tu ne comprendrais pas.»… Zut! J'avais donc autant d'amis adultes qui se faisaient une joie de me compter parmi les leurs que de jeunes amies petites filles.

 

Parmi les «grandes personnes», on retrouvait, entre autres, Matante Gougoune. Qui était donc Matante Gougoune? Une charmante dame, fort généreuse, énergique, avec le coeur aussi grand que tout Mascouche au moins. Tous les enfants du voisinage aimaient Matante Gougoune. Sa famille était amie avec la mienne; elle n'était donc pas ma «tante biologique» mais ma «tante de coeur», c'est sûr. Et la tante de coeur d'une ribambelle d'enfants qui, comme moi, passaient leur temps à courir dans sa maison, à manger ses friandises et à lui dérober tout son précieux temps! (rire) Ah, elle nous le donnait de bon coeur, son temps. Avec elle tout comme avec ses deux grandes filles, j'allais partout. Avec Matante Gougoune, au centre commercial, dans les restaurants, les magasins, chez les uns et les autres… au bowling, aussi! Eh oui! Partout! Elle me prêtait tout ce que je lui demandais de me prêter. Elle me laissait même jouer avec sa petite machine à calculer: je voulais faire comme elle et «calculer mes bills». Combien de rouleaux de papier j'ai gaspillés en faisant semblant de calculer! Mais elle s'en fichait, Matante Gougoune! Je m'amusais et elle était heureuse. C'est avec elle que j'ai ouvert mon premier compte bancaire, acheté mon premier soutien-gorge, le moment venu, bu ma première tasse de café. (rire) On en a fait, des choses! Avec Johanne et Nicole, ses deux filles, j'allais partout aussi. Surtout avec Johanne, un peu plus vieille que sa soeur, qui me faisait même visiter la grande ville de Montréal en m'amenant vraiment, vraiment partout avec elle. Il y avait aussi Daniel, un des fils de Matante Gougoune, qui m'emmenait souvent au St-Hubert avec lui. Il m'a aussi appris à jouer au cribbage. Ah, ce qu'on en a joué des parties de cribbage tous les deux! Cette famille fut très présente dans ma vie de petite fille.

 

Au chapitre des adultes qui veillaient gentiment sur moi, il y avait également tous les amis de mes parents qui jouaient avec moi tout autant que mes parents eux-mêmes. Il faut dire que chez nous, c'était presque toujours la fête. Il y avait toujours des amis à la maison: des amis qui séjournaient longtemps chez nous pour toutes sortes de bonnes raisons, certainement! Mais je me fichais bien de savoir pourquoi il y avait toujours foule à la maison, car tous ces gens, qu'il s'agisse d'artistes, de musiciens, de comédiens ou d'amis de la famille tout simplement, car tous étaient plus formidables les uns que les autres avec mon frère et moi. Alors, on faisait de la place pour tout ce beau monde et on s'amusait follement.

 

Parmi les enfants, ils étaient peu nombreux à fréquenter mon univers, hors de l'école. Surtout durant l'année scolaire, puisque je n'étais présente chez moi que les fins de semaine. Mais, une fois l'été arrivé, je revenais dans le nid familial et je pouvais tisser des liens avec mes pairs. Ils étaient très peu nombreux: tout bien compté, voyons voir… 4 amies, mais 4 bonnes amies.

 

Tout d'abord, il y avait ma voisine immédiate: Véronique. Son frère Didier se tenait davantage avec mon frère, mais parfois avec sa soeur et moi. Véronique passait des grandes journées avec moi à jouer à tout et n'importe quoi, à se balancer et à se baigner.

 

Il y avait aussi les soeurs Huneault: Annie, Chantale et Mélanie. La première d'entre elles que j'ai connue était Annie, qui m'a ensuite présenté ses deux soeurs. Elles étaient toutes adorables avec moi. Dans ce cas précis, nos jeux ne se déroulaient pas vraiment chez moi mais plutôt chez elles. Une anecdote très spéciale: les Huneault habitaient une maison qui faisait le coin de la rue où j'habitais et je la reconnaissais toujours à cause de sa clôture blanche qui faisait tout le coin de la rue. Je me demandais toujours qui pouvait bien habiter cette maison que je reconnaissais sans cesse et qui faisait ma joie chaque fois que je l'entrevoyais, car je savais que j'allais bientôt retrouver mon chez moi. Je n'en revenais pas d'apprendre qu'elles habitaient justement dans «la maison à la belle clôture blanche». C'était surtout avec Annie et Chantale que je jouais, Mélanie étant un peu plus jeune. Et savez-vous quoi? J'ai eu le grand bonheur de retrouver Annie et Chantale ici même sur Facebook! Je suis tellement contente, car je les aimais beaucoup et ce fut un réel plaisir pour moi de les retrouver.

 

Pour le reste, il y avait beaucoup d'autres enfants dans notre voisinage. Les garçons fréquentaient mon grand frère, mais la plupart des autres petites filles… comment dire?… Probablement qu'elles n'avaient pas l'habitude de voir une personne avec un handicap, alors elles ne «m'approchaient même pas avec une perche de 10 pieds», comme le dirait spontanément mon bien-aimé. Imaginez un peu: je suis avec une de mes petites amies. Nous marchons jusqu'au dépanneur tout en bavardant. Une petite fille qui passe en même temps que nous salue mon amie et lance un genre de: «Est tu aveugle?» Mon amie répond, un peu mal à l'aise, que… oui. L'autre petite ingrate éclate de rire et s'enfuit. C'était un peu le portrait type de l'indélicatesse des enfants entre eux, mais surtout, je crois, du manque de sensibilisation ou d'information envers les personnes simplement différentes des autres, peu importe la raison.

 

Il y avait aussi, j'allais oublier, une autre Annie. Elle, de son côté, habitait sur la rue derrière la nôtre, ce qui faisait en sorte que sa cour était collée sur la nôtre. Alors, parfois, même si elle n'avait pas le droit, elle escaladait la clôture grillagée et sautait dans ma cour pour venir jouer avec moi! Ah, qu'on en avait, du plaisir!

 

Sans oublier les cousines, bien entendu, qui nous rendaient souvent visite. Deux cousines, entre autres, prennent une grande place dans mes souvenirs d'enfance: Karine, avec qui j'écoutais des contes de fées à longueur de journée (comme on a usé mon 33 tours de Blanche-Neige et les sept nains!). Et il y avait Natacha, ma chère cousine Natacha, qui me protégeait comme si j'étais sa petite soeur toute fragile, qui faisait attention à moi comme à la prunelle de ses yeux, mais qui ne s'empêchait pas de m'amener partout avec elle. On se racontait tout; à bien y réfléchir, nous étions tout aussi proches que des soeurs.

 

Cela complète le tableau de mon entourage à l'extérieur de ma vie scolaire. Je peux considérer que j'ai toujours été extrêmement bien entourée de gens que j'aimais et qui m'aimaient aussi énormément. Une petite fille heureuse, voilà ce que j'étais et cela m'est resté, je crois, car j'ai définitivement une facilité à être heureuse et à éprouver de la joie pour tout et en tout temps.

 

Le plaisir d'écrire ces tranches de ma vie étant l'interaction qui existe entre vous et moi suite à chaque «petit bout», j'attends impatiemment vos commentaires.

 

Au plaisir de vous lire bientôt!

Des petits bouts de moi #7: Patates pilées et toasts pas de croûte

Vous vous demandez sûrement pourquoi un bout de moi peut porter un titre aussi bizarre que celui-ci. Eh bien, vous comprendrez aisément dans quelques secondes. Suivez-moi...

 

Imaginez un instant la situation suivante: vous avez à peine 6 ans (disons 6 ans et moins). Votre maman vous prépare un petit déjeuner qui, normalement, ferait l'envie de tout autre enfant qui se respecte. Elle vous présente une assiette bien remplie: oeufs, bacon ou autres viandes, petites patates, toasts, fruits, etc. Bref, un déjeuner copieux! Vous accueillez ce festin en ne gardant que les toasts. Ah oui... sans les croûtes, très important. Plus tard, vous demandez à votre mère de vous offrir à dîner, alors elle vous offre mille et une possibilités: soupe? Sandwich? Pâtes? Fruits et légumes divers? Peu importe! Vous finissez par demander: "Puis-je avoir des patates pilées s'il te plaît?" Au souper, le scénario se répète. On vous offre des repas tous plus appétissants les uns que les autres et vous revenez à votre demande du midi: "Pourrais-je avoir des patates pilées s'il te plaît?"

 

Aberrant, impossible, incroyable, pensez-vous? Eh bien non, cela est tirée d'une histoire vécue et par nul autre que moi. Je ne saurais vous dire pourquoi mon rapport avec la nourriture fut et est encore si compliqué, mais il n'en demeure pas moins que j'ai passé au moins les 6 premières années de ma vie à ne manger que des pommes de terre en purée et des rôties sans les croûtes et tartinées seulement avec du beurre, rien de plus. Si on me demandait ce que j'aimais manger, il m'arrivait souvent de répondrre catégoriquement: "Rien". C'était ainsi et pour moi, c'était normal.

 

Le problème, avec ce genre d'alimentation, vous vous en doutez bien, c'est que ma santé finissait par en être affectée, bien entendu. C'est ainsi que, très régulièrement, je finissais par tomber malade. Cela se présentait invariablement sous forme de gastro. Les symptômes que je ressentais étaient identiques: maux de coeur, vomissements, etc. La différence entre ces épisodes que j'avais et une véritable gastro, c'est que pour me remettre sur pied, mes parents devaient m'emmener à l'hôpital où on me branchait à un soluté pour rééquilibrer tout mon système en vitamines et autres trucs importants pour être en bonne santé. Quelques minutes plus tard, mon système ayant absorbé ce cocktail de bonnes choses, les vomissements cessaient, les nausées prenaient la poudre d'escampette et je me sentais comme une neuve! Bien sûr, on me gardait en observation pendant quelque temps, on me faisait toutes les prises de sang et autres tests importants puis, une fois que j'avais bien fait le plein de tout ce qu'on trouve normalement en mangeant un peu de tout, je pouvais repartir, aussi pimpante que s'il ne s'était rien produit!

 

On dira un jour que ces épisodes de pseudo-gastro représentaient en fait des espèces de crises d'hypoglycémie, étant donné que je ne mangeais presque rien. Ma maman, qui était fort découragée de me voir refuser toutes les bonnes choses qu'elle m'offrait à manger, eut beaucoup de difficulté à accepter cet immense problème alimentaire que j'avais. Lorsque les médecins ont parlé d'épisodes hypoglycémiques, ils ont recommandé de me laisser me trouver une façon bien propre à moi de consommer une petite part de sucre. C'est ainsi que je trouvai une façon très exaspérante de prendre le sucre dont j'avais besoin, au grand désespoir de ma mère: j'aimais (et, je m'en confesse, j'aime encore) ouvrir le pot préparation pour lait au chocolat Quik en poudre et y plonger ma cuillère et le prendre directement comme ça, en poudre! Mais puisque c'était le seul sucre que je prenais, j'y avais droit (rire). Mon papa, qui était un illustre buveur de Quik, m'offrait une petite cuillère de poudre chaque fois qu'il se préparait un verre de cette succulente boisson.

 

Est-ce que cette situation a duré longtemps ou même, pire, dure-t-elle encore aujourd'hui? Rassurez-vous, non, cela ne dure plus depuis belle lurette! Je ne mange plus seulement des patates pilées et des toasts pas d'croûte (rire). Le tout se sera estompé progressivement avec le début de ma vie de pensionnaire. Les éducatrices ont eu la pénible tâche de tenter de me faire apprivoiser, peu à peu, de nouveaux mets. Mais imaginez le traumatisme que je vivais à chaque repas, puisque j'étais, disons, obligée de goûter à tout pour enfin espérer aimer de nouvelles choses et que, depuis que j'étais toute petite, on essayait déjà de me faire manger plein de choses sans pour autant réussir à me les faire aimer.

 

Au fil des découvertes culinaires que l'on me forçait à faire à l'école, je finis, heureusement, par admettre dans ma bouche et donc dans ma vie quelques nouveaux venus. Les viandes étaient ainsi acceptées, les pommes de terre sous toutes leurs formes, certaines soupes, les oeufs (brouillés très très bien cuits seulement) et certains desserts.

 

La problématique qui survint par la suite fut peut-être la source de ce qui arriva plus tard. Les éducatrices, à l'école, trouvèrent que, malgré les progrès que j'avais faits, le répertoire des aliments que j'acceptais de manger n'était pas suffisamment étoffé à leur goût. Elles décidèrent donc d'instaurer avec moi de nouvelles règles: je me DEVAIS, OBLIGATOIREMENT, de goûter à TOUT ce qui était au menu et ce, à chaque repas. Que cela me roule dans la bouche ou pas, je devais "faire des efforts". À un tel point que je n'avais pas le droit de me lever de table tant et aussi longtemps que je n'avais pas tout mangé. De cette période qui dura plusieurs années en ont résulté de bien désolantes conséquences...

 

À présent, j'ai conservé, bien malheureusement, plusieurs de ces traumatismes d'enfance qui m'ont fait bannir plein de bons aliments que j'adorerais aimer: je pense entre autres aux merveilleux fruits et légumes. Quel dommage de ne pas les aimer, eux qui me feraient un bien fou! Il y a aussi tous les desserts qui sont complètement bannis de mon existence. Mais pour les desserts, je suis bien contente de ne pas les aimer; ils ne m'apporteraient qu'un surpoids supplémentaire et rien de positif. Il y a aussi tout ce qui a une texture épaisse ou crémeuse qui est catégoriquement refusé dans mon assiette. Tout cela est aussi bizarre qu'invraisemblable, mais bel et bien vrai. C'est une barrière psychologique, je ne sais comment l'expliquer... Une sorte de mauvaise programmation, une barrière catégorique, un traumatisme... Peu importe comment on nomme ce phénomène, il me tient lieu de fidèle compagnon indésirable à tous les repas. Bien sûr, je ne suis plus malade maintenant à cause de ce complice empoisonné, car je mange beaucoup plus de choses qu'au temps des patates pilées et des toasts pas de croûte! Plus d'épisodes de gastro ou d'hypoglycémie. Toutefois, on peut me voir fréquemment trier le contenu de mon assiette ou plutôt demander à mon bien-aimé d'en être le filtre avant que je commence à manger (rire).

 

Voilà, c'était un autre petit bout de moi qui a encore une pointe d'actualité. J'espère vous retrouver au petit bout numéro 8 où j'aurai une autre page de mon livre de vie à vous offrir.

 

Au plaisir de vous lire!

Des petits bouts de moi #6 (suite): Entre les livres et moi, une éternelle complicité

J'ai déjà longuement élaboré sur mes passions enfantines, mais j'ai fait un très gros oubli. C'est à un très jeune âge que j'ai fait la connaissance de complices qui allaient me faire développer une réelle passion.

 

Comme je l'ai déjà mentionné, j'ai toujours adoré apprendre. J'ai donc très vite appris à bien lire et écrire ma langue. J'ai toujours eu une très grande facilité à mémoriser tous les petits caprices de notre merveilleuse langue française et j'ai toujours voulu l'écrire à la perfection, en plus d'adorer la lire. Dès que j'ai connu mon alphabet braille au grand complet ainsi que toutes les ponctuations, mon professeur me référa à la bibliothèque de l'école, que j'allais me mettre à fréquenter de manière assidue. Le premier livre qu'on me confia avait exactement 4 pages braille. Cinq minutes plus tard, il était lu et rapporté à la bibliothèque! La bibliothécaire dicida donc de m'en offrir un qui contenait un peu plus de pages (au moins une vingtaine), que je lui rapportai le lendemain, avec l'envie gourmande d'en dévorer un nouveau.

 

C'est ainsi que, d'un livre à l'autre, toujours de plus en plus gros, je devins une mordue de lecture. J'avais toujours un livre sous le bras, partout où j'allais. J'allais en visite? J'avais au moins deux volumes braille qui me suivaient dans mes bagages. J'allais m'asseoir à l'extérieur? J'avais un livre avec moi pour accompagner ce moment de détente. Bref, les livres me suivaient partout! Dès l'âge de 11 ans, je m'embarquais dans de grandes lectures de romans à plusieurs tomes, m'attachant aux personnages que faisaient vivre les auteurs de tous ces livres magiques.

 

Il faut dire que j'avais été encouragée dès les débuts de mon cheminement scolaire à lire beaucoup. Je pense notamment à Rita, en deuxième année, qui nous lisait des histoires palpitantes en fin de journée, lorsque nous avions bien travaillé. Ou à d'autres moments, elle nous permettait de choisir entre de nombreuses petites histoires que nous pouvions lire lorsque nous avions fini un exercice avant les autres. Inutile de vous dire que j'ai eu très souvent accès à ces «fiches de lecture», qui étaient classées par niveau de difficulté, par des identifications tactiles et colorées. Des fiches avec une étiquette rose et de texture très douce représentaient des lectures faciles, alors que des étiquettes vertes et rugueuses représentaient un niveau plus avancé.

 

Mais au-delà de la lecture s'est installée une autre grande passion qui a débuté par une interrogation: «Comment on FAIT les livres? Comment on les FABRIQUE?» Je me demandais comment on s'y prenait pour les transcrire en braille et en faire de vrais beaux livres. J'imaginais une personne assise devant une machine à écrire braille et transcrivant, une lettre après l'autre, les pages de tous les livres que je lisais. Je me demandais aussi comment on les reliait, on les couvrait, etc. Je m,amusais même, dans mes temps libres, à retranscrire mes livres préférés avec ma propre dactylo braille, en imitant la disposition parfaite que je lisais. Je faisais une copie parfaite des livres que je lisais. Ah! Bien sûr, pas des livres en entier, mais plusieurs pages, de façon à avoir expérimenté toutes sortes de modes de transcription.

 

Ensuite, les années ont passé. Nos appareils informatiques braille se sont sophistiqués et unappareil nommé Versabraille est né. Cela consistait en un clavier de dactylo braille et d'un afficheur braille, le tout pouvant faire penser à un ordinateur portable braille rudimentaire. Eh bien, à l'aide de cet appareil, ma copine Lucie Laurence et moi nous amusions à transcrire des romans que nous lisions. Des livres transcrits en «braille informatique»... Quelle belle vision de ce que j'allais faire plus tard comme carrière!

 

Eh bien oui, c'était là une sacrée belle vision, car aujourd'hui, je transcris des livres en braille... pour la bibliothèque... À l'aide d'un ordinateur et d'un afficheur braille. Le tout sous forme de braille informatique avant d'être imprimé sur papier.

 

Je considère que je fais un métier merveilleux. transcrire des livres, donner accès à une foule de livres et ainsi de faire une différence pour des gens qui, comme moi, ne peuvent lire les documents imprimés avec autant de facilité que cela l'est pour la majorité. Permettre aux gens de prendre plaisir à la lecture grâce à des livres bien faits, quel bonheur!

 

Je vous retrouve très bientôt pour un autre petit bout de moi.

Des petits bouts de moi #6: Passions enfantines

Avant d'aborder la période de l'adolescence et de l'école secondaire, permettez-moi une petite halte dans l'univers ludique de mon enfance. Bien sûr, nous avons abordé mon cheminement scolaire qui affichait un profil exemplaire. On a aussi exposé les aspects un peu moins joyeux entourant ce cheminement. Mais, à travers ces merveilleuses années parsemées d'apprentissages quotidiens, tous plus intéressants les uns que les autres, quelles passions pouvaient bien animer ce petit bout de fille qui bondissait partout, toujours en quête d'une nouveauté à apprendre ou d'une joie à exprimer?

 

Vous constaterez aisément, pour ceux qui me connaissent bien, sinon assez rapidement, pour ceux qui apprennent à me connaître à travers ces petits bouts de moi, que mes passions de petite fille construisaient déjà d'importants repères de ma vie actuelle.

 

D'abord et avant tout, si je voulais résumer tout cela, je pourrais y parvenir à l'aide de trois verbes simples: apprendre, bouger et m'exprimer (exprimer ici dans le sens de tous les moyens d'expression, qu'il s'agisse de chanter, de jouer de la musique ou simplement de communiquer à l'aide de la parole).

 

Le premier contact que j'ai eu avec l'univers des passions survint dès ma toute jeune enfance, alors que j'écoutais mon papa composer des mélodies à l'aide de sa magnifique guitare 12 cordes et ensuite leur donner vie en y ajoutant des mots. Je voyais donc, très régulièrement, naître des chansons. Il me suffisait tout simplement de tendre l'oreille et de cueillir la magie qui accompagnait ces moments de création inspirée de mon père. Je pouvais aussi assister à la naissance de nombreux disques, puisque je découvrais avec émerveillement que mon papa et ma marraine étaient des artistes! Et ma cousine en plus! Wow! Alors, puisque j'étais et suis toujours extrêmement réceptive à tout ce que j'entends, je me laissai vite envelopper par la musique et par les moments magique q'elle engendrait invariablement. Je faisais donc connaissance avec l'une des grandes passions qui allait diriger ma vie tout entière: la musique. J'étais d'ailleurs excellente dans cette matière à l'école et je bénéficiais, sans le savoir, d'un avantage certain: un atout majeur, une caractéristique plutôt rare que l'on appelle l'oreille absolue ou diapason parfait. Mais pour moi, c'était normal. Tout le monde savait chanter n'importe quelle note de la gamme et la reconnaître justte à l'entendre, voyons! C'était ainsi fait! Un Do, c'est un Do, tout le monde sait ça! Eh bien non, mes auditions au Cégep de Saint-Laurent en musique, plusieurs années plus tard, allaient me prouver que ce phénomène ne court pas les rues! Toujours est-il que la petite fille que j'étais jouait de la flûte à bec avec une facilité déconcertante et reproduisait presque instantanément toute mélodie qu'elle jugeait intéressante à interpréter, sans avoir eu besoin de se la faire enseigner au préalable. Petite anecdote savoureuse: nous avions, dans notre cours de musique, appris toutes les notes à la flûte à bec soprano, mais l'une d'entre elles, le Fa, sonnait faux, à mon oreille. Sur toutes les flûtes, pas seulement sur la mienne! Ce Fa détonnait carrément comparativement à ce qu'il aurait dû être. N'en pouvant plus, je me mis à chercher un doigté qui me permettrait d'obtenir un Fa parfait et, oui, je le trouvai! Fière de mon expérience de grande autodidacte, j'allai voir notre professeur de musique et lui fis part, premièrement, du faux Fa et, finalement, de ma grande dévcouverte. Mon prof, après avoir essayé le nouveau Fa tel que je lui proposais de le faire, s'est excalamé: "Mais oui! C'est en plein ça! Je savais qu'il sonnait faux, mais c'est toujours de cette façon qu'il est enseigné, alors je vous l'ai montré comme ça, mais de ta façon, il est parfait!" Et c'est ainsi qu'il enseigna à tous ses élèves, par la suite, à jouer le Fa sur la flûte comme je lui avais moi-même montré, à l'âge de 6 ou 7 ans.

 

La musique m'a donc toujours suivie et me suivra toujours, c'est bien connu. Mais ce qui me fait vibrer par-dessus tout, musicalement, mon paroxysme musical, c'est lorsque mon père prend sa guitare et chante, en s'accompagnant lui-même, tout simplement, en se laissant guider par son inspiration. Pour moi, il n'y a pas de moment plus magique. Lorsque j'étais petite, je n'avais qu'à entendre le cliquetis des fermoirs de son étui de guitare pour me mettre à accourir, abandonnant tout ce que je faisais et tous ceux avec qui je me trouvais!

 

À présent, je suis diplômée en musique du Cégep de Saint-Laurent, j'ai étudié le piano pendant un an, la basse électrique pendant un an, le violon pendant un an et maintenant, je suis des cours de flûte traversière, sans oublier que je joue de la guitare pour le plaisir de m'accompagner. Et ma vie est baignée de musique Country d'ici et d'ailleurs, en autant qu'elle soit bien faite.

 

Toujours dans la veine des moyens d'expression, j'étais une mordue de la radio. Vous me direz sûrement que plus ça change, plus c'est pareil, puisque je suis toujours passionnée pour la radio. Mais tout cela remonte à très très loin...

 

À un très jeune âge, je portais déjà une attention toute particulière à la voix des animateurs radiophoniques, à leur intonnation, aux publicités et la façon dont elles étaient faites, etc. Cela me donnait envie de parler à ces maîtres du micro qui semblaient si dynamiques et sympathiques. Je me mis donc à mémoriser par coeur les numéros de téléphone de toutes les stations radiophoniques que je connaissais. Eh oui! Pourquoi? Pour y faire des demandes spéciales! J'étais emballée par l'interaction qui pouvait exister entre ces animateurs qui ne me connaissaient pas et le fait que je finissais par entendre la chanson que j'avais moi-même demandée. Je me rendis compte que certains animateurs n'avaient pas nécessairement la sympathie naturelle qu'ils reflétaient... (rire) Mais, règle générale, je dirais qu'ils me recevaient tous avec gentillesse, même si j'étais une toute petite fille qui appelait pour demander des chansons. Une autre anecdote: un jour, une amie de ma mère me dit qu'elle était amie avec une animatrice de la station CKOI 96,9 FM, qui se disait à l'époque CKOI 97 FM. Elle disait avoir un numéro de téléphone où ce n'était jamais occupé et où je pourrais rejoindre l'animateur en ondes très rapidement. Je lui demandai ce numéro et m'empressai de le composer, fière d'avoir un raccourci que presque personne ne connaissait. Mais je tiens à mentionner ici que ce n'est pas à essayer, car l'animateur en ondes à ce moment n'a pas trouvé mon appel très rigolo et m'a fermement avertie de ne plus jamais utiliser ce numéro pour faire des demandes spéciales. J'ai donc appris qu'il était parfois préférable de prendre le chemin le plus long, que l'important était d'être à la place qui nous revient, même si cela demandait un peu d'attente... Que l'intimité, les gens connus y tiennent, tout de même...

 

J'étais également très attirée par tout ce qui concernait la téléphonie. Je mémorisais tous les numéros de téléphone de mon entourage, je connaissais même des trucs pour faire sonner le téléphone de l'endroit où je me trouvais à l'aide de certains numéros. Je savais aussi comment obtenir une tonalité en appelant à des numéros se terminant par 1111. Et, d'ailleurs, encore ici, le bon vieux dicton "Plus ça change, plus c'est pareil" s'applique, car j'adore encore la téléphonie sous toutes ses formes. Je connais les petits trucs pour laisser des messages sur des répondeurs sans appeler directement, je connais la téléphonie mobile sur le bout de mes doigts et vive mon iPhone! (rire)

 

Pour conclure avec les communications, j'avais également une passion pour la télé. Imaginez un instant le petit bout de fille, dans sa chambre ou en train de déambuler dans la maison et dans la cour, un miroir à la main, en train de se faire un scénario de téléroman! Eh bien oui, c'était moi! Je me voyais très bien dans le miroir, alors avec mon petit miroir en main, j'imaginais que c'était la caméra et/ou l'écran de télé, puisque je me voyais dedans. Alors, je me faisais des scènes de téléroman où je jouais une foule de personnages en même temps et je me promenais dans les environs, puisque cela me permettait de voir le décor bouger, comme lorsque l'on voit une personne se déplacer à la télé (rire). Ou, à d'autres moments, je m'inventais des émissions de variété, dans lesquelles j'incarnais à la fois l'animatrice et l'artiste interviewé. Pour ce faire, j'avais un vrai micro, mais que je tenais débranché pour pouvoir me promener sans problème dans mon studio imaginaire et, dans l'autre main, mon fameux miroir-télé. Eh bien, là non plus, rien n'a vraiment changé, sauf que les micros dans lesquels je parle aujourd'hui sont branchés et ce n'est pas dans un miroir que j'ai le bonheur de me regarder.

 

Pour arriver au verbe "bouger" énoncé plus haut, mentionnons que j'avais également un très fort attachement envers tout ce qui me permettait d'être en mouvement: chaises berçantes, balançoires, tricycles, bicyclettes, voitures, camions, manèges, peu importe! Lorsque j'étais bébé, ma mère disait que je passais des heures interminables à me balancer à l'aide de ma petite balançoire de bébé, que ma mère devait "crinquer", comme on le disait communément. Je ne voulais plus en descendre! Plus tard, étant petite fille, nous avions, dans notre cour, plein de balnçoires en tous genres et j'y passais toutes mes journées. Il y avait aussi mon super tricycle avec lequel je me promenais, à l'extérieur aussi bien qu'à l'intérieur! Imaginez ça! C'était très drôle! Pour moi, c'était comme si je conduisais ma voiture! Et, parlant de voiture, c'était mon gros amusement de faire semblant de conduire. Mon papa m'asseoyait sur ses genoux et me faisait tourner le volant; ça, c'était mon paradis! Et savez-vous ce qu'il y a de plus beau, de plus formidable et de plus extraordinaire? C'est que mon plus grand rêve, une fois revenue de mon voyage en Chine, serait d'avoir retrouvé suffisamment de vision pour pouvoir conduire un jour ma propre voiture! Je me vois déjà, sur la route qui mène en Gaspésie, au volant de mon super bolide, aller présenter la nouvelle Moi à ma famille là-bas! Avec du bon Country pour accompagner le tout, il n'y a rien de mieux, je vous le dis!

 

Voilà, vous venez de découvrir le tourbillon de passions que je suis. J'espère que cet autre petit bout de moi vous a plu. J'ai déjà une foule de merveilleuses idées pour les prochains  articls. je n'ai pas fini de vous surprendre!

 

Merci de votre fidélité et de vos commentaires. ils me vont tous droit au coeur.

Des petits bouts de moi #5: Une deuxième famille

Après 4 années passées à titre de pensionnaire à l'école, j'allais franchir un nouveau tournant. En effet, l'école adopta une nouvelle politique qui voulait que le côté hébergement soit aboli. Pour que tous les élèves puissent continuer à fréquenter l'école normalement, il ne restait alors que deux solutions possibles: 1) les parents déménagent plus près de l'école; 2) Les élèves habitant trop loin de l'école se retrouvent dans des familles d'accueil qui s'occupent d'eux durant la semaine et ils retournent chez leurs parents la fin de semaine.

 

De mon côté, je me retrouvai dans la deuxième situation. Il fut donc décidé, au beau milieu de ma quatrième année scolaire, qu'on allait me trouver une famille qui allait m'accueillir 5 jours par semaine et que je retrouverais mes parents et mon frère la fin de semaine. Mais alors là... Imaginez un peu les milliers, ou peut-être les millions de questions qui affluaient dans ma tête! Moi, dans une autre famille que la mienne? Allaient-ils m'aimer? Allaient-ils faire une différence entre moi et leurs «vrais» enfants? Allais-je m'y sentir bien? Serais-je la bienvenue? Allais-je y trouver ma place? Allaient-ils tous m'aimer, dans cette nouvelle famille? Seraient-ils sévères? Aurais-je envie d'obéir à leurs règles comme j'obéissais aux règles chez moi? Les règles allaient-elles être bien différentes de celles de ma famille à moi?...

 

Autant de questions qui finiraient par trouver leurs réponses... Tout d'abord, j'eus l'extrême soulagement d'apprendre que j'allais être placée dans la même famille que mon ami Martin Chouinard, un excellent ami à moi dont je vous parlerai un jour, très sûrement. Donc, j'avais un ami sur les lieux; excellente nouvelle! J'ai donc, avant de rencontrer Monique, la maman de ma future famille d'accueil, bombardé mon ami Martin de questions. Comment s'appelait chaque membre de la famille? Quel âge avaient-ils? Comment étaient-ils? Comment agissaient-ils avec lui? Parlaient-ils déjà de la petite nouvelle qu'ils allaient bientôt accueillir? Et, patiemment, Martin a répondu à TOUTES mes questions. Jusqu'au jour où, sur l'heure du dîner, on me présenta une dame qui, au départ, me parut austère et pas tout à fait sympathique... Le tout sans savoir que cette dame qui s'était assise avec moi à la cafétéria était nulle autre que... Bon, bref, je demandai à Martin: «C'est qui cette bonne femme-là?» Rappelons ici que je n'avais que 9 ans, alors les premières impressions ne sont pas toujours exprimées avec tact à cet âge ingrat... (rire) Lorsque je sus que la «bonne femme» que je venais de rencontrer était nulle autre que celle qui allait m'accueillir pendant 2 ans, eh bien... je ressentis un malaise de l'avoir ainsi maltraitée par mes paroles et je tentai immédiatement de la voir autrement. D'ailleurs, elle n'était rien de ce que j'avais perçu ce jour-là...

 

Je fus donc, une semaine plus tard, accueillie chez les Aubé, une famille tout simplement adorable où j'ai passé 2 merveilleuses années. Monique et Yves étaient les heureux parents de Normand et Benoît, deux frères super gentils avec Martin et moi. Cette belle petite famille avait un atout majeur: ils s'entendaient tous à merveille et dégageaient une harmonie parfaite en tout temps. C'était ce que j'appellerais une famille modèle.

 

Étaient-ils sévères? Non!!! Du moins, moins avec moi qu'avec mon ami Martin (rire) qui devait faire l'effort de goûter aux mets qu'il n'aimait pas, alors que moi, je bénéficiais d'un steak le soir des fameux vol-au-vent... (rire) Il régnait là-bas une discipline saine, de façon à ce que le respect soit priorisé, mais pas d'autorité exagérée; juste ce qu'il faut. Étaient-ils gentils avec moi? Oh que oui!!! On aurait dit que j'étais la fille qu'ils n'ont pas eue. Ils m'ont chouchoutée, choyée, aimée comme si j'étais l'une des leurs.

 

Et, finalement, la grande question: y a-t-il de la place pour aimer deux familles en même temps? Eh bien, je dirais que oui, mais de façon différente. Je crois que notre coeur s'agrandit de façon infinie lorsqu'il s'agit d'aimer, n'est-ce pas? Alors, ai-je été bien et ai-je aimé les Aubé? Oh oui! Et j'ai de nombreux souvenirs impérissables avec eux...

 

C'est là, entre autres, que j'ai appris à jouer aux jeux vidéo. Eh oui! Même avec nos handicaps visuels, Martin et moi avions appris, grâce à nos deux frères d'accueil Benoît et Normand, à jouer avec eux à des jeux vidéo, en allant nous asseoir directement devant le téléviseur et hop! On s'amusait pendant des heures avec eux...

 

Monique aimait bien jouer dans mes cheveux et me faire mille et une coiffures, car j'avais les cheveux très longs. Mais, figurez-vous que j'avais un trait de personnalité très marqué, qui l'est encore aujourd'hui d'ailleurs: j'étais et je suis toujours extrêmement perfectionniste. Donc, lorsque Monique se transformait en coiffeuse pour l'occasion, je vérifiais toujours soigneusement si la coiffure était impeccable et si, par malheur, je découvrais un cheveu qui sortait de l'élastique ou que celui-ci était trop lousse et que des cheveux potentiels pourraient quitter le bel arrangement... eh bien, croyez-le ou non, je tirais et, d'un seul coup, je défaisais toute l'oeuvre d'art de Monique pour la refaire, sans mèches rebelles... (rire)

 

Il y avait une chose que Monique et Yves aimaient par-dessus tout: c'était lorsque je chantais. Mon père et moi avions appris une chanson ensemble dont tout mon entourage a entendu parler ou a connu notre interprétation. C'était une chanson qui faisait partie d'une histoire pour enfants intitulée «Émilie Jolie». Mon père et moi chantions la chanson titre de cette histoire ensemble et on faisait fureur chaque fois que l'on l'interprétait. Monique etYves me demandaient toujours pour la chanter.

 

Finalement, un dernier petit souvenir un peu cocasse: De temps en temps, j'avais comme un surplus d'énergie à dépenser rapidement et je partais, d'un seul coup, à courir d'un bout à l'autre de la maison en me jetant sur les divans et en me roulant par terre. J'en ai encore le fou rire en y pensant. Monique appelait ces débordements d'énergie ma «va-vite». Alors, lorsqu'une telle pulsion me prenait, on disait: «Tiens, Katia fait sa va-vite!» (rire)

 

Oh!!! J'allais oublier un souvenir très important de cette belle période de ma vie. yves était allé me reconduire, un jour où j'avais manqué mon autobus, à l'école. Ce matin-là, je lui posai des questions à savoir comment fonctionnait une voiture, comment on changeait les vitesse, comment on la mettait en marche, etc... Eh bien, c'est avec patience et douceur que ce cher Yves m'expliqua tous les rudiments de base d'une voiture! Il me montra même à la mettre en marche et à changer les vitesses! Et, je vous le dis, c'est à partir de ce moment que je développai une folle passion pour la route et tout ce qui se conduit! C'est aussi dès cet instant que je fis le rêve de conduire un jour et si, en revenant de mon traitement en Chine, je parviens à conduire un jour, vous imaginez bien que j'aurai une pensée pour yves qui m'aura fait découvrir le merveilleux nivers de l'automobile...

 

Voilà qui conclut le chapitre de mon enfance. Ensuite, je vais commencer, tranquillement, à aborder l'adolescence, le secondaire et bien plus encore...

 

C'est à suivre!

 

Merci de me lire et au plaisir d'avoir vos commentaires!

Des petits bouts de moi #4: La différence

Même si je vous avais promis un article intitulé «Une deuxième famille», je considère avoir fait un oubli dans le récit de mon petit bagage de vie. Alors, permettez-moi, si vous le voulez bien, une petite halte supplémentaire dans l'univers de mon enfance scolaire.

 

Étant donné que l'école Nazareth et Louis-Braille était la seule à offrir des services scolaires pour les personnes handicapées visuellement dans la région, il y avait, un peu comme dans la société en général, beaucoup de gens tous très différents les uns des autres, avec, dans certains cas, plusieurs handicaps en même temps ou même certaines personnes avaient, en plus de leur handicap visuel, une déficience au niveau intellectuel. C'est donc à l'école, durant ma vie de pensionnaire, que j'ai appris à fraterniser avec des gens de tous les niveaux de handicap et de tous les niveaux intellectuellement aussi. Évidemment, étant une personne hypersensible, chacune de ces rencontres spéciales m'a marquée énormément.

 

C'est à cette époque, déjà, que j'apprenais à m'occuper de ceux qui avaient plus de difficultés que moi, puisque les éducatrices nous demandaient de nous occuper des plus petits que nous ou, bref, de ceux qui ne pouvaient se déplacer seuls dans l'école. Étant donné que moi j'avais un peu de vision et que je n'avais aucune autre problématique à part mon handicap visuel, on me demandait d'amener, par exemple, des enfants qui avaient toutes sortes de difficultés, pour aller souper, disons. C'est alors que j'ai connu un de ces élèves en difficulté qui me pinçait continuellement pendant que je l,aidais à se rendre à la cafétéria (oh! combien je le craignais!), ou un autre qui sautillait pendant tout le trajet, etc... ou qui criait, ou peu importe... Cela m'a beaucoup marquée, mais j'ai immédiatement appris à développer mon sens de l'entraide. Et ce fut très facile, car j,adore aider les autres. Il m'arrivait, en grandissant, d'aider des élèves tout simplement plus petits que moi et qui ne savaient tout simplement pas encore s'y retrouver, dans cette grande école.

 

À un autre moment, on nous a demandé (moi je devais avoir environ 9 ans à cette époque) de passer du temps à l'heure du dîner avec des élèves en difficulté aussi, mais pas nécessairement ceux que l'on voyait le soir. J'ai donc dû m'occuper d'une petite fille entre autres qui adorait faire des casse-tête et elle m'adorait car j'en faisais avec elle chaque midi pour la désennuyer. J'étais infatigable et patiente et je l'aidais, si bien que lorsque les éducatrices m'ont demandé de m'occuper d'une autre élève, ma partenaire de casse-tête était bien triste de ne plus passer ses midis avec moi pour jouer. j'ai donc eu le bonheur de m'occuper de plusieurs personnes, comme ça, soit le midi, soit le soir, pour les aider ou les désennuyer, selon le cas.

 

Un petit garçon, entre autres, adorait jouer les animateurs de radio ou les présentateurs de météo. Moi, comme je savais que ça l'amusait, chaque fois que j'étais avec lui, je lui demandais de me livrer les récentes nouvelles ou les prévisions du temps et il s'animait soudain et m'inventait des bulletins d'actualité tous plus loufoques les uns que les autres, mais c'était beau de le voir s'animer lorsque j'arrivais près de lui pour jouer à faire de la radio... Disons que, généralement, j'avais le don de trouver des sujets qui passionnaient les petits dont je m'occupais et je me servais de ce qui les passionnait pour les faire rire ou rêver, selon le cas.

 

Mais, à travers toutes ces jolies expériences d'entraide, il faut quand même avouer qu'il y eut quelques ratés: deux personnes entre autres m'auront effrayée à un tel point que je me cachais lorsque je les croisais dans les couloirs. Un petit garçon qui mordait tout le monde... Alors, il s'approchait souvent de moi et hop! Il prenait une croquée dans ma joue... Oh mon Dieu! Combien j'ai pleuré! Chaque fois que je passais dans un corridoret qu'il était là, je m'enfermais dans une pièce jusqu'à ce qu'il parte. Et une petite fille qui me donnait la fessée avec mon propre sac d'école... Elle aussi m'effrayait énormément...

 

Mais, outre ces deux petites expériences pénibles, j'ai eu un plaisir fou à apprendre à connaître une foule de gens différents et à m'enrichir de leur présence.

 

Je vous retrouve au prochain article!

Des petits bouts de moi #3: La vie de pensionnaire

Bienvenue à la suite de cette petite série d'articles intitulée «Des petits bouts de moi». Lors de la dernière publication, je commençais à aborder cette période qui fut longue mais combien importante de ma vie où je dus passer mes semaines complètes à l'école et ne revenir chez moi que les fins de semaine. Mais pénétrons, pendant ces quelques lignes, dans l'univers de ces années où toutes les bases de mon éducation ont pris place et où j'ai appris bien plus que l'alphabet!

 

Évidemment, ce qui fut le plus dur pour moi était d'apprendre à fonctionner sans un pilier de ma famille à mes côtés. J'ai dû m'y consacrer entièrement et ce sans tarder, car nous vivions au moins une quinzaine de personnes ensemble et il fallait que je me fonde à ces gens déjà habitués à vivre en groupe.

 

Heureusement, pour m'aider dans cet apprivoisement radical, j'ai eu le bonheur de me faire deux amis qui m'auront infiniment facilité la tâche. Tout d'abord, Julie Berthelot, arrivée quelques années plus tôt, donc, déjà bien intégrée et familiarisée aux habitudes de l'école. En apprenant à la connaître, j'apprendrais bien vite à ne jamais me plaindre ni m'apitoyer: il y avait et il y aurait toujours pire que ce que moi-même je croyais le pire... Pourquoi? Parce que j'appris, en discutant avec Julie, qu'elle avait perdu sa mère à un très bas âge et elle ne voyait que très rarement son père et sa soeur. La fin de semaine, alors que moi j'avais l'immense bonheur de retrouver les miens, Julie était recueillie par une famille d'accueil. Et Dieu sait qu'elle a dû changer souvent de famille, pour toutes sortes de raisons dont je ne connais ou ne me souviens pas vraiment de la nature. Alors, Julie apprenait à se créer un environnement familial partout où elle s'installait et à jouir de tout ce qui l'entourait. Elle était presque toujours joyeuse, sauf lorsque la nostalgie lui prenait. Donc, en général, je pourrais dire de Julie qu'elle savait créer de la joie n'importe où, bref, partout où elle se trouvait. Alors, après avoir pris connaissance de son histoire, je me trouvais bien chanceuse de retrouver mes parents et mon frère toutes les semaines, même s'ils me manquaient énormément. J'ai donc décidé d'apprendre, avec elle, à créer de la joie partout où j'allais passer. Il est à noter que cet apprentissage m'aura été très salutaire, car je suis toujours ainsi aujourd'hui. Je suis joyeuse partout où je passe! Et puis, il s'est avéré que Julie m'a aimée tout de suite et a développé une confiance inébranlable en moi. On dirait qu'elle croyait que je pouvais tout faire, peu importe les difficultés. Je me suis même déjà perdue avec elle à mon bras et elle n'avait même pas peur puisque c'est moi qui la guidais. :) C'est donc à travers nos jeux tous plus fous et bizarres les uns que les autres que j'ai pu créer mon petit univers joyeux, après la classe, bien sûr! Car Julie et moi n'étions pas ensemble en classe mais bien après l'école. Il faut dire ici que Julie était totalement non-voyante alors que pour ma part, j'ai tout de même, pour m'aider, un 10% de vision fort utile. C'est pourquoi je pouvais la guider lorsque nous sortions et qu'un jour, une de mes distractions nous aura fait nous égarer un peu, mais vraiment pas longtemps... (rire) Nos jeux étaient fous et bizarres car vraiment pas nécessairement équitables et je vous avise tout de suite, ce n'est pas moi qui jouais les rôles les plus désavantagés, car ma bonne amie Julie se prêtait toujours volontaire pour les occuper! C'est ainsi qu'elle pouvait se retrouver à devoir m'attraper alors que je faisais semblant de me sauver d'elle à toute vitesse à bord d'un tricycle (oui oui, je me promenais à la course avec un tricycle à l'intérieur de l'école!). Inutile de vous dire que c'était totalement injuste puisque Julie était à pied et qu'en plus, elle n'avait que le son de mon super bolide pour se donner une idée de la direction que j'avais prise... Ou bien, elle pouvait se retrouver dans une espèce de cabane de carton, spécialement conçue pour qu'on puisse y entrer pour jouer) et à devoir, pour les besoins du jeu, faire semblant d'y être coincée...  Mais consolez-vous, nous avions aussi des moments de jeu conventionnels, du style au père et à la mère, etc... (rire) Avec elle, j'aimais aussi aller me balancer dans le jardin tout en chantant à tue-tête. C'était donc ma première vraie grande amie.

 

J'ai eu aussi le bonheur d'avoir un complice académique hors pair et aussi un excellent ami: StéphaneDoyon. Lui ne dormait pas à l'école, alors on ne se voyait que durant les heures de classe. Mais combien il était attentionné et sympathique. Aussi, nous partagions un aspect très important de la vie scolaire: nous étions studieux et sérieux en classe. Disons que nous étions les petits génies de notre classe, des espèces de surdoués qui adoraient apprendre et travailler toujours plus pour réussir toujours mieux. En plus d'être génial, Stéphane possédait une grande écoute; je pouvais donc me confier aisément à lui lorsque le besoin s'en faisait sentir et c'était avec une maturité exemplaire qu'il prêtait son oreille à mes confidences.

 

D'ailleurs, je vous offre ici une savoureuse anecdote concernant mes deux complices d'école: mon papa avait composé une petite chanson qui racontait très bien comment ça se passait à cette époque. J'étais arrivée, une fin de semaine, avec un petit bout de mélodie que j'avais entendue durant la semaine. J'ai pris ma flûte à bec et je l'ai jouée à mon cher papa qui décida d'en composer un autre petit bout pour compléter un petit couplet. C'est alors qu'il m'interrogea sur la vie à l'école, sans m'expliquer pourquoi il me posait toutes ces questions. Comme j'adorais (et j'adore tooujours) parler, je me prêtai de bon gré à cette petite entrevue. Un peu plus tard, il me chanta, avec le petit bout de mélodie que je lui avais rapporté et son complément à lui, la chanson que voici, que j'ai chanté pendant toute mon enfance par la suite:

 

«Stéphane mon ami
Stéphane mon ami
Tu es tellement gentil
Que de toi je m'ennuie
À la classe le matin
Nous allons main dans la main
L'important dans la vie
C'est d'avoir un ami

 

Le soir après l'école
On s'amuse, on rigole
On chante avec Julie
Avec tous les amis
On a une belle atmosphère
On est fier de la Volière
Moi j'aime bien les chats
Mon nom est Katia».

 

Il faut noter ici que la Volière était le nom qui était donné au module dans lequel j'étais classée, qui était constitué de tous les jeunes enfants. Il y avait, pour les adolescents, Les Coccinelles et les jeunes adultes se retrouvaient au Grenier. Il y avait donc 3 modules de pensionnaires. Moi, j'étais chez les plus jeunes, à la Volière.

 

en plus de mes deux grands amis, j'eus le plaisir d'avoir un autre ami réconfortant, très réconfortant même et aussi très fidèle: Offenbach. Qui était Offenbach? Un magnifique ours en peluche qui, au tout début de sa longue vie, était ravissant, tout neuf, tout beau, tout rempli de peluche moelleuse. Mais il termina sa vie bien flétri, le corps presque vidé de son contenu pelucheux et avec le nez tout écrasé... (rire) C'est qu'il me suivit très très longtemps, ce cher Offenbach. Et quand je dis suivre, cela veut dire PARTOUT, même dans la piscine! Je dormais avec lui TOUS les soirs, en prenant soin, pour m'assurer de l'avoir avec moi toute la nuit durant, de le placer en dessous de moi. Je dormais donc à plat ventre sur mon ami de peluche. Il a consolé beaucoup de larmes, partagé beaucoup de joie aussi. Il est donc venu aussi à l'école avec moi, mais il n'était pas question qu'il assiste à mes cours! Mais... N'allez pas imaginer qu'il n'est jamais venu en classe... Il est venu une seule fois, dans le sac de mon joyeux complice Stéphane... (rire) Heureusement que c'est la gentille Rita qui l'a trouvé; je n'ai pas été très punie. En fait, pas par elle, mais par les éducatrices qui m'attendaient au retour de la classe, en se demandant où je pouvais bien l'avoir mis... (rire) Offenbach est légendaire dans ma faille. Tout le monde l'a connu et même mes cousines ou petites amies ne s'avisaient jamais de me le prendre, ou s'ils essayaient, c'était de courte durée, car ma mère était immédiatement alertée... (rire)

 

Durant mon primaire, j'eus également le plaisir d'avoir des professeurs adorables. En première année, Micheline, donc je semblais être le chouchou, qui m'appelait «Mademoiselle la Fée» et qui me prenait sous son aile chaque fois que nous avions des sorties parascolaires. Je travaillais bien et je crois qu'elle adorait ça. Et puis il y eut Rita, qui se nomme maintenant Roseline. Rita, telle qu'on la connaissait à l'époque, était vraiment la meilleure institutrice au monde selon tous ceux à qui elle a enseigné. Avec elle, si je vous disais que tout le monde finissait par adorer l'école... Elle avait le tour, croyez-moi! Pour elle, chaque élève était le plus important. On se sentait tous quelqu'un de grand à ses côtés et on avait juste envie de se dépasser. Lorsqu'on recevait ses félicitations et que l'on savait qu'elle était fière de nous, nous nous sentions vraiment comme les meilleurs au monde! Elle avait le don de nous donner cette place qu'on n'avait qu'à prendre si on désirait être heureux en classe. C'était aussi simple que ça. elle inventait des jeux pour nous faire retenir les règles de grammaire: Monsieur Pluriel qui venait s'ajouter partout où il y avait plus d'une chose... Le G qui était doux devant un E ou un I mais qui devenait furieux devant un A, un O et un U... Le C qui était tout comme le G, mais qui se faisait adoucir par la cédille qui le forçait à être doux même devant un A, O, U... (rire) Et on en faisait des petits sketches même! Et il y en avait bien d'autres de ces petits jeux inventés par Rita/Roseline... En mathématique aussi, avec mes dames Unité, Dizaine et Centaine ainsi que Monsieur Millier, ainsi que la police Zéro... Plein de trucs qui faisaient que même calculer était amusant.

 

Et puis, au module, c'était les éducatrices qui nous apprenaient à être autonomes, à faire notre lit le matin, à laver notre bain après en être sortis chaque soir, à bien se tenir à table, à manger proprement, etc... Toutes ces petites choses qu'on apprend chez soi, moi, je l'apprenais un peu chez moi et beaucoup à l'école.

 

Bon, assez parlé d'école. Lors de mon prochain article, je vous promets un autre petit bout de moi où je vous entretiendrai au sujet d'«une deuxième famille».

 

Au plaisir de lire vos commentaires!